Historique
Premier voyage au Népal en 2001.
Les grandes choses commencent souvent par la somme de petites. Michaël Flock, du village de Post au sud de la Belgique (commune d'ATTERT), rêvait de partir en Afrique dans le but de rencontrer des gens pour lancer un projet humanitaire. Christophe Pels, du village voisin (Schadeck) travaillait à Louvain-la-neuve et voit une affiche dans la rue pour un voyage alternatif au Népal. Les deux amis décident de partir ensemble pour l’Asie.
Tout a donc commencé lors d'un voyage pas comme les autres, organisé par une association spécialisée dans le tourisme social. L'agence CONTACT J de Bruxelles organise des voyages solidaires, des chantiers et des formations où l'aventure interculturelle et la solidarité sont au rendez-vous.
La commune de Braine l'Alleud et Contact J avaient initié en 1996 un projet de collecte et de distribution de l'eau des torrents qui descendent depuis l'Annapurna vers les habitations des villages de Madredhunga et Bhurung. Ces villages sont situés au-dessus de Tatopani, cette localité étant elle-même assez connue des trekkeurs qui effectuent le tour de l'Annapurna pour ses sources d'eau chaude au bord de la rivière Kali Gandaki. Ce chantier faisait l’objet d’un voyage alternatif avec une partie de visites touristiques et une autre partie de travail solidaire au sein de ce village.
Michaël Flock, Christophe Pels et Yannick Delabie se sont donc envolés en septembre 2001 vers le Népal. Mais l'avion a dû atterrir à Dhaka au Bangladesh suite à un problème à l'aéroport de Katmandou. Leur premier contact avec l’Asie sera donc cette capitale tumultueuse à majorité musulmane. Ceci se passe à peine quelques jours après l’attentat des Twin Towers à New York et l’étonnement est immense de voir un grand poster du World Trade Center garnir le mur du hall de l’hôtel… hasard ou volonté des gérants, la question ne trouvera jamais de réponse mais l’anecdote est authentique. Une autre surprise sera de voir dans les rues des vendeurs d’affiches à la gloire d’Oussama Ben Laden.
Lorsque nous posons les pieds sur le tarmac de Katmandou le charme coloré et trépidant de cette ville opère immédiatement. Les temples sont splendides, la culture riche, les paysages absolument magiques et les habitants d’une gentillesse absolue.
Après une escale à Pokhara et un trekking jusqu’au village de Tatopani, nous arrivons dans le village de Madredhunga qui, nous ne le savions pas encore, allait changer le cours de nos existences. En effet, le séjour dans cet endroit, au plus près des habitants et de leur mode de vie, allait bouleverser toute notre conception du monde et de ses valeurs.
Nous avons travaillé sur le projet d’eau courante, qui consistait à la construction de réservoirs en béton dans la montagne et d’un réseau de canalisations reliant ces cuves aux habitations. La réalité du terrain et le peu de moyens que nous avions à notre disposition nous ont permis de nous rendre compte de la complexité et de l’investissement personnel que demande un tel chantier humanitaire. Lors de notre séjour, nous avons surtout fait la rencontre de Jayandra, qui était à l’époque directeur de l’école du village.
Nous avons passé beaucoup de temps avec lui et nous avons appris à le connaitre au cours du travail collectif, des moments de détente et des longues discussions. Jayandra nous a raconté un épisode tragique de sa vie. Par le passé, il a été victime d’un accident de bus où il faillit laisser la vie, suite à une chute dans un ravin (accident malheureusement fréquent au Népal). Ce drame l’a laissé paralysé suite à une blessure au dos et il n’a pu remarcher qu’après plusieurs années de rééducation.
Lors de notre première rencontre, nous avons pu mesurer la force mentale de cet homme, puisque hormis le port d’un harnais au dos de temps en temps, il menait une vie normale et faisait preuve d’une endurance physique remarquable comme la plupart des Népalais. Il nous a confié qu’il aurait pu mourir dans l’accident et que c’était comme un cadeau des dieux d’avoir la chance de mener une seconde vie, et qu’il voulait consacrer cette deuxième partie de son existence à aider son prochain. La création de notre association repose sur le rêve de cet homme qui souhaitait créer une maison pour y accueillir les enfants sans foyer.
Notre retour en Belgique après ce premier voyage a été assez difficile, la différence de niveau de vie entre l’Occident et ce petit village d’Orient avait créé un choc dans nos cœurs et la création de l’association a été comme une évidence. Nous allions réaliser les rêves de solidarité de Jayandra et l’asbl a vu le jour dès 2002. Très vite d’autres personnes se sont jointes à l’équipe, notamment le frère de Yannick qui vit actuellement une partie de l’année au Népal et est marié à Bimala, d’origine népalaise (ils sont les heureux parents de la petite Zoé depuis 2017). Gaël parle couramment népalais ce qui est essentiel pour toutes les démarches sur place. Il y a aussi Virginie Jacob, Tania Passos et Jean-Pascal Léonard qui travaillent beaucoup pour l’association et ont activement contribué aux projets sur le terrain.
Au fil des ans, les projets se sont multipliés : d’abord l’aboutissement du projet de collecte et distribution d’eau, qui a été repris à 100% par notre association, ensuite il y a eu de l'aide matérielle dans des écoles, la réparation d’un pont, la mise en place d’une pépinière, jusqu’à la création d'un laboratoire médical. Chaque année de nouvelles actions sont mises en œuvre, toujours en étroite collaboration avec les villageois.
Mais la situation politique devient critique au Népal en 2002. Une révolution maoïste en cours depuis 1996 atteint son paroxysme pour essayer de renverser le Roi Gyanendra, qui ne contrôle plus que Pokhara et Katmandou. La création d’un orphelinat reste l’objectif majeur de notre association mais il est impossible à réaliser vu l’instabilité gouvernementale et les risques que cela représente.
En 2011, l'asbl prend un tournant important en créant finalement un orphelinat pouvant accueillir jusqu’à douze enfants. En effet le Roi est en exil et le Népal passe d’une royauté à une République démocratique fédérale en mai 2009.
Nous avons le plaisir de voir grandir et s'épanouir les enfants, entourés d’une équipe compétente, de différents élevages d’animaux et de cultures variées destinées à subvenir à leurs besoins et approcher au maximum l’autosuffisance alimentaire. Quatre personnes veillent sur eux à temps plein pour assurer leur santé et leur éducation.
Une autre particularité en lien avec le projet de l’orphelinat est de proposer un voyage alternatif. Les volontaires peuvent séjourner au sein même de l'orphelinat et prendre une part active à la vie de la communauté dans le respect de l’environnement éducatif des enfants.